Autour des quais d’Amsterdam, panique : les mélodies du port Oranje sont mécaniques. Plus de chants de sirène ou de chœurs de matelots, à terre, dame de joie et saouls marins ont pris le large. Les paroles de Brel nous auraient-elles mené en bateau ?
Bien évidemment que non, Jacques ne fait pas partie de ces gens-là ! Et si l’on ne retrouve pas totalement l’ambiance de la chanson, c’est bien ici sur ces berges autrefois mornes que les marins du monde entier venaient profiter des plaisirs du royaume.
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Le port d’entrée
1584 , début du siècle d’or néerlandais
Alors que la plupart des nations européennes sont en rade, les Pays-Bas sont au sommet de la vague. Et si ceux que l’on appelle les Provinces-Unies ont le vent en poupe, c’est à Amsterdam qu’ils le doivent. À la même époque, des persécutions religieuses ont lieu en Europe mais au pays des bataves tous les cultes sont rois et plusieurs milliers de juifs et protestants mettent les voiles direction Amsterdam. Cet afflux de population associé au commerce maritime avec les pays baltes marque le début d’un incroyable essor économique.
Les Provinces-Unies mènent leur barque et deviennent rapidement la première puissance mondiale. Ils ouvrent des comptoirs sur plusieurs continents et se spécialisent dans le commerce des épices. À Amsterdam, l’argent coule à flot, et les entrepôts de la ville débordent. L’industrie se développe. Des navires de tout pavillon font escale dans la ville pour échanger leurs marchandises contre des produits made in Provinces-Unies.
Et chaque jour, dans un joyeux vacarme, marchands, commerçants et marins se retrouvent sur le port. Ils chantent, boivent et reboivent encore à la santé du destin d’Amsterdam.
Relance ton port
Ça ne vous aura pas échappé, ce siècle d’or sur le port, était une porte ouverte à ce que l’on appellera plus tard le capitalisme. Et si l’histoire néerlandaise connaîtra encore de nombreux remous, le port d’Amsterdam restera pendant longtemps l’un des moteurs de la réussite batave. Évoluant avec son temps, les mâts de bois font place aux coques métalliques des cargos et le son des réjouissances portuaires au bruit sourd des machines.
Mais à l’aube des années 90, il perd de son importance et les marins déchantent. Bien que les bateaux continuent à y jeter l’ancre et que les containers s’entassent, une grande partie des berges sont réhabilitées. Les quais ne sentent plus la morue, ni la bière ni les drames. Les résidences ont fleuri comme des tulipes et les anciens entrepôts sont devenus des repaires d’artistes.
Pourtant quand le vent balaie ces nouveaux quartiers et vient se briser sur cette vague de modernité, on peut encore entendre les marins chanter des rêves qui les hantent.
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